Cela déclencha chez la grosse dame une réaction inattendue :
« La pauvre petite ! elle a l'trac. Oh non, ma chérie ! pleure pas. »
Le pire, c'est que le ton compatissant qu'elle employait me donnait effectivement envie de pleurer. Je ne devais surtout pas me laisser prendre à son jeu. Si je cédais aux larmes, c'était fini, je perdais les pédales et aurais été incapable de me reprendre à temps.
En plus, je n'avais même pas le trac ! Je devais impérativement faire abstraction des paroles de la grosse dame et focaliser sur la voix de mon père :
« Mais voyons, Marie ! vous n'allez tout de même pas faire pleurer Mademoiselle »,
puis sur celle de ma mère :
« Oh non ! certainement pas. Voilà, Mademoiselle ! je vais vous chercher une robe »,
pour enfin bondir de joie :
« La rose avec des petits volants ! » ;
et l'envie de pleurer disparut aussitôt de mon cerveau.
Maintenant, je sais ce que c'est que de passer instantanément de la tristesse à la joie.
La grosse dame s'avoua bluffée et des « chut ! » commencèrent à se faire entendre dans le public.
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