Quand j’étais allée à Blandy-Les-Tours, j’étais descendue dans les oubliettes. J’avais même pas peur ! Il faut dire que je croyais que c’était une cave ordinaire, comme une cave à vin ; une cachette pour quand on a envie de se faire oublier.
C’est ma mère qui m’a dit qu’autrefois, il n’y avait ni échelle ni lampe électrique pour descendre dans les oubliettes. C’était une prison dans laquelle on était jeté au sens littéral. C’est un peu profond et, ne voyant pas le fond, dans l’obscurité, on pouvait se casser quelque chose en tombant.
Après, il fallait rester dans le noir, sans soin, jusqu’à ce que le seigneur du château eût des remords. Le plus grave, c’est que des fois, il oubliait. C’est pour ça qu’on appelle ça des oubliettes. Alors, en attendant qu’il se souvînt, pour survivre, on n’avait pas grand-chose à manger et à boire. Dans le meilleur des cas, on pouvait trouver un peu d’eau qui suintait sur les murs et manger un rat qui passait par là. Encore fallait-il l’attraper, dans le noir ! Sinon, on pouvait aussi manger le cadavre en décomposition d’un autre prisonnier qui avait été trop longtemps oublié… ou crier, appeler au secours !
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