Il faut dire aussi que ma mère, c'était une citadine. Il se produisit plusieurs fois qu'en arrivant en vacances à Cesson, elle ouvrît sa portière, plongeât sa petite chaussure de ville dans une grosse flaque de gadoue puante et se lamentât :
« Ça y est ! On est arrivés à la campagne. »
Moi, ça ne me dérangeait pas, de patauger dans la gadoue. Il n'empêche que, par la suite, quand nous arrivions en vacances à Cesson, dès que mon père coupait le moteur, ma mère nous tendait désespérément des paires de bottes en caoutchouc qu'elle avait soigneusement préparées dans la voiture avant de partir.
Quand je la vis défricher le jardin, je pus percevoir dans son geste le désir fou d'arracher la gadoue, la putréfaction, les épines, les moustiques… tout ce qui fait que la nature peut paraître inconfortable aux gens de la ville ; tout ce qui fait que la nature est une personne, avec ses qualités et ses défauts.
extrait de Mon Cesson
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