On me fit dorénavant asseoir à cette place de devant, tous les jours, pour faire la lumière. Dès que je me mettais à pleurer - et ça se produisait à chaque récréation - Anne et Fabienne venaient devant moi et me demandaient :
« Pourquoi tu pleures ? »
Alors, je disais pourquoi je pleurais et elles s'en allaient, sans plus. Ou bien elles redemandaient sur le même ton neutre :
« C'est pour ça que tu pleures ? »
Je confirmais. Oui, je pleurais parce qu'on me faisait du mal, parce que, toujours, on faisait la démarche de venir me blesser au lieu de me laisser tranquille. Et moi, je n'en pouvais plus. Je ne pouvais plus endurer. Peut-être, pour les autres, les raisons de mes larmes pouvaient paraître insignifiantes mais moi, je n'avais plus la force. C'est comme si on fait une petite tape - une caresse, même - sur une partie du corps endolorie, ça peut faire très mal.
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